Rhône-Alpes – SAINT-ETIENNE (42)
Nouvelles évacuations à l’aube
Leprogres.fr – 07/07
250 Roms ont quitté le terrain de Chantegrillet dans la nuit du 5 au 6 juillet avant l’intervention des CRS. Il ne restait plus, près du musée d’Art moderne, qu’une cinquantaine d’enfants et 25 adultes qui ont été délogés de bon matin. Les services de police (une vingtaine de cars) étaient épaulés par des interprètes, par les secours et par des représentants de la préfecture. Les journalistes étaient à l’écart.
« Il s’agissait d’évacuer un campement illicite des populations Roms sur un terrain de la ville de Saint-Étienne (Chantegrillet) en exécution d’une décision de justice. Ainsi qu’un terrain privé. Bien que la trêve hivernale ne s’applique pas aux squats, les services de l’État ont attendu le retour de l’été et la fin de l’année scolaire pour faire ces évacuations », expose Carine Trimouille, directrice de cabinet de la préfète, interrogée sur place. Pour M. Rami, de la Ligue des Droits de l’homme, «un gymnase, c’est une catastrophe. Ces gens n’ont pas mangé, n’ont pas pris de douche et ils se retrouvent sur le trottoir. On fait respecter la loi d’accord, mais après, pas de soutien ».
Rhône-Alpes – LYON (69)
Evacuation de Perrache dans le calme
Leprogres.fr – 10/07
Dès le 6 juillet les occupants du bidonville de Perrache, presque 100 personnes, ont quitté le terrain qu’ils occupaient. À sept heures et demie, CRS, gendarmes, police aux frontières étaient présents autour du commissaire annonçant l’application de la décision de justice.
Gilberte Renard, du Collectif Roms, explique « Ce ne sont pas des Roms de Roumanie (Ces familles sont originaires de Macédoine, du Kosovo, de Bulgarie, ou d’Albanie). Ils n’ont pas tourné dans toute l’agglomération. Ces personnes-là sont venues dans un but précis : demander l’asile. » L’assistante sociale d’une école lyonnaise raconte qu’un des enfants vivant là, parti en vacances grâce un collectif de parents d’élèves, « avait peur de partir et de ne pas retrouver son père à son retour ».
Plus tard, les agents de propreté feront « place nette », et les questions demeureront.
Perrache : une « victoire » ?
Leprogres.fr – 11/07
Les associations défendant la centaine de demandeurs d’asile de Perrache ont obtenu gain de cause. Des hébergements seront proposés aux familles ces jours-ci.
Pas moins de 120 personnes sont concernées. Les associations de défenses des droits des Roms de Lyon se sont battues pour cela : « Toutes les familles [du dossier Perrache] vont être prises en charge », confirme une bénévole de Médecins du monde. 15 enfants en bas âge et une quarantaine de personnes seront hébergées en hôtel, pour les autres ce serait un accueil dans des centres pour demandeurs d’asile extérieur au département du Rhône qui ont saturé. Aucune aide au retour n’a été demandée par les squatteurs qui cherchent en priorité l’asile.
« C’est une vraie victoire pour nous et c’est l’aboutissement de plusieurs mois de travail », disait, soulagé, un parent d’élèves du collectif du 2e arrondissement. « La mobilisation exceptionnelle des associations et des élus a joué », confirmait Armand Creus, conseiller régional du Front de gauche. La veille pourtant, la préfecture avait déclaré « ne pas disposer de ligne budgétaire pour un hébergement provisoire, le plan Froid ayant été prolongé jusqu’à fin juin ». Finalement, l’avocat du collectif M e Cadoux, contacté par Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts, avait confirmé que « la situation de chaque personne, [serait examinée] afin de trouver une solution adaptée ».
80 dossiers de « référés liberté » (des recours en urgence auprès du tribunal administratif) sont en possession des associations qui les conservent « au cas où ».
Ile-de-France – IVRY-SUR-SEINE (94)
Rendez-vous raté à l’Elysée
Leparisien.fr – 13/07
Le 12 juillet, une trentaine de personnes, élus locaux, soutiens et familles, s’est réunie autour des Roms d’Ivry pour remettre une pétition d’un genre nouveau au Président de la République. Il s’agissait de mille dessins d’enfants, mille cartes postales pour parler de leur quotidien et interpeller les pouvoirs publics sur l’impasse dans laquelle ils se trouvent.
« Depuis un an et demi, près de 150 Roms sont installés sur ce campement dans une situation très précaire, livre Sacha Kleinberg, membre du collectif, en route pour l’Élysée. Il est temps qu’une solution politique soit trouvée pour qu’ils puissent obtenir des conditions de vie décentes. Il paraît que le changement, c’est maintenant ; alors, on demande à voir ». Après une heure d’attente, c’est la déception.
« Tant pis, on reviendra en septembre, pas question de baisser les bras, la situation est trop grave », affirme Samia, bénévole pour le comité de soutien, et qui suit les habitants du bidonville toute l’année. « Sur ce campement, il y a une vraie urgence sociale, les familles vivent dans des conditions ultra précaires, sans eau. Beaucoup ne peuvent pas se soigner, n’ont pas le droit de travailler », conclut-t-elle. À Ivry on se prépare pour nouvelle évacuation après le sursis du mois de mars qui avait débouté l’APHP, réclamant la jouissance du terrain.
Dans la ligne de mire de la préfecture, trois terrains : l’Echat à Créteil, la Marine à Villeneuve-le-Roi, et un bidonville de près de 400 habitants à Sucy-en-Brie. Date-butoir pour l’exécution de la décision : 15 septembre.
Nord-Pas-de-Calais – AVION (62)
Les familles Roms ont évacué un terrain d’Adévia promis à une entreprise d’Avion
20minutes.fr – 18/07
110 Roms ont été expulsés du terrain qu’ils occupaient sur la zone industrielle des 14 à avion. Leur soutien milite toujours pour une prise en charge complète de ces familles laissées à elles-mêmes. Le collectif Fraternité Roms bassin minier 62 a lancé un appel à l’hébergement volontaire pour ces familles sur le territoire de Lens-Liévin et d’Hénin-Carvin.
[|[([*FRANCE/POLITIQUE INTERIEURE*])]|]
Roms : Manuel Valls s’explique sur la reprise des expulsions
Leparisien.fr – 25/07
Pour le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, la « concentration » dans certains terrains occupés par les Roms « nous oblige à prendre des décisions de démantèlement ». C’est ce qu’il a exposé mercredi face à la commission des Lois du Sénat, se disant « très inquiet de la concentration dans une série de campements ».
« Je ne dis pas que ça règle » le problème « , a-t-il ajouté.
Sur la question de l’accès au marché de l’emploi et des mesures transitoires, il a asséné : « Je ne suis pas sûr qu’on règlera uniquement le problème par la question de l’accès au travail (…), c’est un des éléments mais ça n’est pas le seul ».
Pourtant, dans une lettre du 27 mars adressée au collectif Romeurope, le Président de la République Français Hollande avait exprimé que « les Roumains et Bulgares, quelle que soit leur origine, sont citoyens européens ». « Les mesures transitoires qui limitent encore leurs droits feront l’objet d’un examen objectif », prenant ainsi le contrepied de son prédécesseur Nicolas Sarkozy.
Le ministre de l’Intérieur, lui, évoque la responsabilité de la Roumanie et de la Bulgarie : « Il est temps que l’Union Européenne rappelle ces pays, où souvent ces gens sont pourchassés et vivent de véritables discriminations, à leurs obligations ».
Rhône-Alpes – LYON (69)
Le squat de Vaulx-en-Velin vidé de ses occupants
France3.Fr – 06/08
Avant l’arrivée de la police prévue dès le 6 août, le garage désaffecté qui abritait une quarantaine de familles roms roumaines à Vaulx-en-Velin s’est retrouvé vide. Le tribunal avait tranché en faveur de Grand Lyon Habitat, le propriétaire du site.
« Quand on évacue un camp, qu’on met les gens à la rue, on les retrouve quelques jours plus tard dans un autre camp », confie Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des Droits de l’homme, et animateur du Collectif Romeurope. C’est pourtant là qu’au printemps le préfet du Rhône avait amorcé un projet d’intégration en régularisant une centaine de Roms « méritants ». Pour Jean-François Carenco, « Les Roumains sont des citoyens européens. Et ils seront des citoyens européens de plein exercice fin 2013 », avec la fin des mesures transitoires. Fin juillet, Manuel Valls avait eu un entretien avec Ioan Rus, son homologue roumain. Le gouvernement promet de continuer à travailler sur l’intégration des Roms à l’échelon national, tout en rappelant que ce n’est pas pour demain.
Pas de fermeture pour la chasse aux Roms
Liberation.fr – 7/08
Deux squats ont été démantelés dans la matinée du 6 août à Villeurbanne. Un vol charter pour la Roumanie était prévu au départ de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry le lendemain. Pour les associations, les forces de l’ordre ont incité les familles à partir, comme le souligne Gilberte Renard, d’un collectif de soutien lyonnais : «beaucoup de personnes ont signé, car elles ne savent pas où aller». Ce fonctionnement reste dans le sillage direct du gouvernement précédent. La population Rom en France oscille depuis des années entre 15 000 et 20 000 individus, prouvant leur retour constant sur le territoire. Après avoir entendu la position de Manuel Valls sur les évacuations de terrains occupés, le collectif Romeurope avait réagi promptement, rappelant la position du président de la république avant son élection. En mars, il avait en effet écrit : «Je souhaite que, lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution.»
Trois jours plus tard, des représentants du collectif ont été reçus au ministère de l’Intérieur. Et, il semblerait, plutôt bien : «Durant deux heures et demie de réunion, il n’a jamais été question de délinquance, nous avons parlé de logement, de scolarisation, des mesures transitoires. C’est une rupture de ton considérable par rapport au précédent gouvernement. On n’est plus dans la stigmatisation, on remet le sujet à sa juste proportion», récapitule Malik Salemkour. Des propositions sont à attendre «dans les prochaines semaines». Cependant pour le cabinet du ministre, l’accès au marché de l’emploi «ne résoudrait pas tous les problèmes» des Roms. Pour Malik Salemkour, «le droit au travail est pourtant un levier fondamental. Le système, tel qu’il est aujourd’hui, condamne les Roms à la mendicité et met à mal toutes les tentatives d’insertion».
Manuel Valls reste ferme sur les démantèlements
Franceinter.fr – 08/08
Après une évacuation à Paris et Villeurbanne en ce début août, le ministre de l’Intérieur a clairement démontré sa position vis-à-vis des bidonvilles. Il l’a réaffirmé ce 8 août, les préfets ont pour ordre de faire démanteler les terrains squattés « en cas de décision de justice ». Dans son communiqué, les mots sans appel pour qualifier les conditions d’hygiène dans lesquelles vivent les familles : « Souvent situés au cœur de quartiers populaires, ils sont aussi un défi au ‘vivre-ensemble ».
Pour se démarquer de la majorité précédente, le texte promet que les conditions de l’aide au retour seront remises à plat, et le réexamen des mesures transitoires empêchant les ressortissants roumains et bulgares d’accéder au marché de l’emploi. Les préfets ont pour mission de « mener systématiquement un travail de concertation préalable » auprès des élus locaux et des soutiens associatifs des Roms. Cette « concertation » s’effectue dans l’objectif de « l’examen approfondi des situations individuelles » afin de « proposer des solutions d’hébergement », détaille le communiqué.
Île-de-France – PARIS (75)
Un énorme bidonville du XIXe démantelé
Leparisien.fr – 09/08
Le plus grand bidonville de Paris a été rasé le jeudi 8 août au matin. Situé en bordure du boulevard périphérique, près de la porte d’Aubervilliers (XIXe), il abritait 160 personnes.
« Le démantèlement de ce camp, où l’insalubrité était totale, a été préparé très en amont avec la préfecture de police. Nous avions des solutions d’hébergement hôtelier (pour des périodes de quinze jours renouvelables) à proposer à la totalité des familles évacuées » assurent les services sociaux de la Ville de Paris. « Nous ne sommes pas dans une logique d’évacuation systématique », ajoute Roger Madec, le sénateur-maire (PS) du XIXe, évoquant d’autres terrains squattés des alentours, dont les habitants sont suivis. Les habitants de la Porte d’Aubervilliers, selon les services sociaux, les auraient probablement rejoints.
« Encore une fois, on va se contenter de déplacer le problème », conclut Malik Salemkour, animateur du collectif Romeurope.
Commission Européenne : la France de nouveau sous surveillance
Le nouvel Obs – 10/08
« La Commission européenne suit de près la manière dont les autorités françaises procèdent au démantèlement des campements de Roms et veut s’assurer du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires », a déclaré vendredi à l’AFP Mina Andreeva, porte-parole de la vice-présidente en charge de la Justice.
Viviane Reding avait, il y a deux ans, réagi violemment aux mesures prises par Nicolas Sarkozy à l’encontre des populations Roms, avant d’obtenir gain de cause en août 2011, lorsque la législation française avait été amendée en ce sens. A la lumière des récentes expulsions et du positionnement ferme de Manuel Valls sur la question, le gouvernement fait de nouveau l’objet d’un avertissement.
« La Commission veut vérifier la volonté de la France d’appliquer les règles qu’elle a introduit dans sa législation », a expliqué un responsable européen.
Une nouvelle expulsion a eu lieu à Lyon, « sous couvert humanitaire », ont dénoncé les associations de soutien.
Évacuations à Lille et Lyon
Le Monde.fr avec AFP – 09/08
Deux évacuations ont eu lieu dans des squats de l’agglomération lilloise jeudi 9 août. 150 CRS et policiers étaient présents. Cette opération a eu lieu « suite à une ordonnance d’expulsion que nous a délivrée le tribunal de grande instance », a précisé la préfecture du Nord. La communauté urbaine de Lille (LMCU) a parlé de problèmes de sécurité concernant les communautés roms vivant sur les lieux.
Les réactions ne se font pas attendre. « On est consternés », a déploré Yann Lafolie, président de l’Atelier solidaire et membre du collectif Solidarité Roms. « Ici, c’était un laboratoire pour trouver des solutions », « Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c’est le PS », a-t-il dit pour finir. La procédure lancée par la LMCU avait été engagée par la première secrétaire du PS Martine Aubry. Au 1er août les associations de soutien, entre autres le collective Solidarité Roms, avait interpellé les pouvoirs publics sur les promesses de François Hollande.
A la suite de l’opération, sur BFM-TV, Eric Cocquerel, pour le Parti de Gauche, fustige l’attitude du ministère de l’intérieur, estimant que le gouvernement actuel « se met dans les pas du précédent » en « pointant du doigt les Roms ». Il a défendu « une politique qui appréhende de manière globale le problème de ces migrants de l’intérieur que sont les Roms. Il faut qu’ils puissent vivre dignement dans ce pays ». Eric Ciotti, pour l’UMP, a, lui, jugé que Manuel Valls faisait « enfin preuve de lucidité ». Pour Europe Écologie-Les Verts (EELV), ces actions « contredisent brutalement une des promesses » du président de la République, qui avait parlé en mars de « ne pas expulser de familles de Roms sans leur apporter de proposition de relogement ». Dans un communiqué, EELV demande au gouvernement Ayrault « de se mettre en conformité avec les engagements européens de la France en matière de droits de l’homme, en tenant compte des spécificités propres à la communauté rom ».
Pour Médecins du monde, le charter parti de Lyon cette semaine est le troisième depuis l’élection de François Hollande.
Nord-Pas-de-Calais – LILLE (59)
Martine Aubry souhaite des terrains de l’État pour les Roms évacués
Liberation.fr – 20/08
Après un récent démantèlement dans l’agglomération lilloise, la maire de Lille Martine Aubry a fait savoir qu’elle souhaite trouver des terrains pour accueillir les expulsés. Lors de ce point presse, elle a précisé « Nous travaillons main dans la main avec le préfet pour trouver un terrain en dehors de la métropole » lilloise, a indiqué la première secrétaire du PS, tout en assumant avoir demandé l’évacuation du squat de Villeneuve d’Ascq, pour des raisons « de sécurité ». Elle précise avoir « demandé à ce que l’évacuation se fasse avec une réinstallation sur un autre terrain en dehors de la communauté urbaine et ça n’a pas été fait, sans doute parce qu’on était dans l’urgence », a indiqué Mme Aubry, qui dément toute rumeur de colère envers Manuel Valls suite à cette opération.
« Les terrains, c’est pas très difficile à trouver, a précisé la maire de Lille. L’État est propriétaire de terrains un peu partout. (…) Si l’urgence n’a pas permis que ce soit le cas à Villeneuve d’Ascq, je le regrette, mais nous allons trouver cette solution et nous espérons marcher main dans la main avec le préfet et avec l’État ».
Martine Aubry s’est par ailleurs « réjouie » que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault « ait annoncé que la France allait (…) essayer de trouver dans les pays européens des soutiens pour dire à la Roumanie et à la Bulgarie (…) qu’on ne peut pas être dans la communauté européenne et se comporter de cette manière-là ».
Une réunion interministérielle doit avoir lieu vendredi autour du dossier Roms.
Le travail, « la clef » pour l’intégration ?
Le Nouvel Observateur – 21/08
Un entretien avec Romeurope puis une réunion interministérielle pour répondre à l’urgence du dossier Roms, la journée du jeudi 23 août sera chargée. Du côté des associations, on attend un accès à l’emploi et à l’école facilité, et des solutions de logement pérennes comme François Hollande alors candidat l’avait soutenu en mars. La levée des mesures transitoires est un des points fondamentaux, pour Laurent El Ghozi, président de l’association FNASAT-Gens du Voyage et cofondateur de Romeurope. Pour lui, le travail, « C’est la clef ». Le gouvernement pourrait lever ces limitations avant la date butoir du 1er janvier 2014. L’emploi, un moyen d’intégration plus efficace que les « villages d’insertion ». « Il n’y a pas à mettre en place une politique spécifique », explique Laurent El Ghozi, « On refusera toutes les solutions à caractère ethno-racial », prévient-il. Les Roms, « il faut les accompagner comme on accompagne toutes les populations en situation de grande précarité ». Pour faciliter la scolarisation des plus jeunes en cette rentrée, Malik Salemkour, de la LDH, souhaite « que les mairies acceptent de domicilier et de scolariser ces enfants ».
Quinze bidonvilles ont été démantelés depuis le mois de mai, mettant un millier de personnes dans une situation encore plus précaire. Les 260 personnes évacuées à Lyon ont été renvoyées en Roumanie.
Laurent El Ghozi rappelle une fois encore l’inefficacité de ces opérations et de cette politique « extrêmement coûteuse, inhumaine, indigne ».
Comment intégrer les Roms
La Croix – 22/08
Avant la concertation du 22 août devant réunir six ministres autour de Jean-Marc Ayrault sur la question des Roms en particulier, tour d’horizon européen des mesures prises pour l’intégration de ces citoyens européens.
En France
13% des Roms entre 20 et 64 ans ont un employeur, chiffre dû aux mesures transitoires encore en vigueur, s’appliquant aux ressortissants Roumains et Bulgares. En Espagne, la levée temporaire de ces mesures a monté le taux d’emploi à 40 %.
Pour Martin Olivera, docteur en ethnologie, membre d’Urba-Rom, pour l’observatoire européen des politiques publiques en direction des Roms, « un tiers des adultes Roms est déjà prêt à l’embauche, un autre tiers ne pourra y accéder sans une aide administrative et linguistique », prévient le chercheur. « Quant aux autres, après dix ou quinze ans de vie d’extrême précarité, ils continueront sans doute à vivre de manière marginale, à moins d’un accompagnement social très poussé ». Dans la communauté Rom, rares sont ceux qui sont réellement « sans travail ». Près de Lille, à Ronchin, l’association « La Pierre blanche » a formé sept Roms à l’emploi. « Maintenant, ils parviennent à fournir mille sacs [de bois de chauffe] par mois, et au moins trois d’entre eux devraient être embauchés en cas de levée des restrictions », garantit Martine Puzin, présidente de l’association.
[*[|[(EN AUTRICHE)]|]*]
Malgré l’application des mesures transitoires, l’Autriche, soutenue par l’UE, a mis en place un programme, Thara, pour la formation et le conseil des jeunes Roms en recherche d’emploi. Des ateliers existent pour l’aide à la création de petites entreprises, pour la sensibilisation des recruteurs et éviter la discrimination dans le cadre de l’embauche.
[*[|[(EN BELGIQUE)]|]*]
Le logement est une condition essentielle à l’intégration. Le gouvernement a mis en place des « centres publics d’action sociale » qui se portent garants de locataires Roms. L’inspection du logement fait la chasse aux « marchands de sommeil » et le gouvernement flamand finance à hauteur de 90% de la mise en place de terrains d’accueil.
[*[|[(EN ROUMANIE)]|]*]
Avec plus de Roms que les autres pays européens, la Roumanie a formé 450 «médiateurs de santé » pour épauler les Roms dans les démarches liées aux soins et à l’hygiène, les sensibiliser à la contraception… Une expérience « positive », pour la Commission Européenne. En Hongrie, un projet vise à former 2000 femmes Roms directement pour favoriser l’accès aux soins de base.
[*[|[(EN ESPAGNE)]|]*]
Depuis longtemps, et ce, « dans la continuité malgré les changements de gouvernement », l’Espagne travaille à l’intégration de la communauté rom. La plus grande partie des enfants Roms y est scolarisée, et un système de bourses, de tutorat et de conseil leur donne accès à l’éducation au-delà de l’âge obligatoire, indique Eleni Tsetsekou, représentant spécial pour les questions des Roms au Conseil de l’Europe.
[*[|[(EN FRANCE)]|]*]
Enseignement
| Pour Romeurope, entre 5 000 et 7 000 mineurs roms ne seront pas scolarisés avant leurs 16e année. Et l’aspect sélectif des villages d’insertion n’est pas efficace : seuls sont acceptés les parents ayant inscrit leurs enfants dans un établissement.
Ce fonctionnement au « tri entre les bons et les mauvais parents » ne représente pas une solution. Pour Brigitte Cerf, enseignante membre du collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation, « souvent les professeurs s’imaginent que les parents ne se présentent pas parce qu’ils se moquent des questions d’éducation, alors qu’ils n’osent pas venir dans un espace qu’ils jugent sacré ». Pour elle, des médiateurs associatifs éviteraient les quiproquos.
LOGEMENT
| Cécile Duflot, ministre du logement, travaille sur une liste de lieux disponibles et « non coûteux » sur les territoires où les Roms sont le plus présents (Seine-Saint-Denis, Paris, Nord, Bouches-du-Rhône, Rhône). Les « villages d’insertion », avec un coût élevé et un aspect discriminatoire, ne se généraliseront donc pas.
SANTE
| La France est dépassée par la situation des Roms en termes sanitaires. 22% de la population des bidonvilles seulement est vaccinée, une femme sur dix bénéficie d’un suivi de grossesse, les chiffres de la mortalité des nourrissons sont multipliés par neuf. Le besoin : des traducteurs pour faire l’intermédiaire avec les familles. Un programme-test a été lancé fin 2010 dans quatre agglomérations françaises, où un médiateur-santé parlant roumain a travaillé avec une vingtaine de femmes et enfants. Le résultat en termes de « niveau de suivi médical », confirme Romeurope, a été très positif.
Roms : les critiques se multiplient après les annonces gouvernementales
Le Monde.fr – 23/08
Les relations France – Roumanie ont pris un tournant plus clément avec la décision du gouvernement de lever quelques-uns des obstacles empêchant les ressortissants roumains d’accéder à un emploi en France. Bucarest a réagi favorablement à « l’approche constructive du gouvernement français pour l’intégration des populations roms », après la réunion interministérielle du mercredi 22 août.
Les critiques sont néanmoins plurielles à l’encontre du gouvernement Ayrault.
Le PCF demande des mesures plus complètes. Dans un communiqué, le parti expose que « Rien ne serait plus décevant que de voir croître le nombre d’expulsions et de démantèlements de camps sans la mise en place de réelles solutions alternatives ».
Il demande « l’adoption immédiate d’un moratoire sur les expulsions, l’arrêt des discriminations au regard du droit du travail ». Pour le PCF, affilié au Front de Gauche, les Roms ont besoin « non pas d’effets d’annonce « mais d’annonces ayant des effets ».
Pour la CGT, les mesures transitoires doivent être levées. « On ne peut pas reprocher à des personnes de vivre dans des bidonvilles s’ils n’ont pas une vraie possibilité de travailler », et trouve « essentiel que les migrants qui travaillent disposent d’un contrat de travail aux normes françaises ». Pour la confédération, « le lourd héritage sarkozyste vis-à-vis de ces populations, en particulier depuis leur odieuse stigmatisation dans le discours de Grenoble », est réel et doit être pris en compte.
Emmaüs International, dans un communiqué, a réagi contre « la politique de la France envers les populations roms présentes sur son territoire ». Pour Jean Rousseau, président de l’organisation, « la réponse apportée par le gouvernement n’est pas suffisante ».
« La France doit cesser sa politique répressive envers les Roms », a-t-il asséné, trouvant que la politique actuelle de démantèlements est « contraire à la dignité des personnes » et « inefficace ».
Roms : « l’aléa administratif » demeure
Liberation.fr avec AFP- le 24/08
Les conditions de l’accès au travail des ressortissants roumains et bulgares ont été assouplies. Mercredi 22 août, le gouvernement a réduit les contraintes des mesures transitoires appliquées actuellement en France et dans sept autres pays de l’UE. La taxe payée à l’embauche (d’un montant de 700 euros) est supprimée, et la liste des 150 emplois autorisés se verra élargir.
Pour Annabella Orange, directrice d’Habitat-Cité, œuvrant auprès des communautés roms, « C’est un premier pas car la taxe décourageait beaucoup d’employeurs ».
Pour Jérôme Lobao, médiateur de la Ville de Bordeaux auprès des Roms et président d’une association de soutien (Procom), ce sera pas d’une grande efficacité, « ce sont des demi-mesures qui allègent sans doute mais ne règlent pas du tout le problème de l’accès au travail ». « Faute de levée totale des mesures transitoires, cela reste compliqué pour un employeur de passer par tout le parcours administratif. Sauf à être un « employeur militant » », ajoute-il.
En somme, Roumains et Bulgares « restent tributaires de l’aléa administratif », conclut Malik Salemkour, du collectif Romeurope.
Dans ce parcours du combattant pour embauche, il reste l’obligation pour ces citoyens européens d’obtenir un sésame : une autorisation de travail validé par la préfecture et un titre de séjour. La promesse d’embauche doit être intérieure à l’obtention de ces papiers.
« Quand on sait que les préfectures mettent entre trois mois et un an à répondre, quel employeur pourra attendre? », résume Saimir Mile, président l’association La Voix des Roms.
« Même quand ils sont prêts à payer la taxe, la complexité des dossiers inquiète les employeurs », confirme Mme Orange.
Être rom n’est pas une condition pour en accès complexe à l’emploi : Marius, peintre en bâtiment de 25 ans, a dû ouvrir une entreprise après l’insuccès de deux ans de démarches auprès de la préfecture pour l’obtention d’un titre de travail.
La deuxième mesure, qui doublerait la liste des métiers pouvant être pratiqués par les roumains et bulgares, aurait, selon les associations, un impact minime. Les Roms que l’on accompagne ont déjà les compétences correspondant à l’un des 150 métiers », notamment dans « le bâtiment, l’aide à la personne, l’hôtellerie et l’agriculture », explique Mme Orange, d’Habitat-Cité. « Les formations qualifiantes ne leur sont en revanche pas accessibles et là, il reste un barrage important », tout comme les opérations de démantèlement qui brisent les actions d’insertion, ajoute-t-elle.
Les associations attendent la « levée totale » des mesures transitoires appliquées aux Roumains et Bulgares, sans attendre la fin 2013.
Île-de-France – ÉVRY (91)
Roms : évacuations en chaîne
Lefigaro.fr – 27/08
Après une première évacuation dimanche 26 août au soir d’un immeuble squatté à Lyon, la police a procédé à une nouvelle opération dans le bidonville d’Évry. Le terrain longeait les voies du RER D. Le maire socialiste d’Évry, ayant pris la suite de Manuel Valls, s’en est justifié : « Outre l’insalubrité, la dangerosité de ce site, qui se trouve quasiment en surplomb des voies de la ligne D du RER, m’a amené à prendre cet arrêté en accord avec la préfecture », a indiqué Francis Chouat. L’arrêté d’expulsion a été notifié le samedi aux habitants du bidonville. Manuel Valls, sur Europe 1, a qualifié d’ « insupportable » le contexte de vie des habitants, validant l’intervention policière.
Une circulaire entre humanisme et fermeté
Liberation.fr – 29/08
Elle a été signée de la main de sept ministres et publiée ce 29 août au matin. La circulaire «relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites» reprend les grandes lignes de la concertation interministérielle du 22 août, après un ramdam médiatique pas loin de rappeler l’été 2010.
En sept pages, le texte a pour objectif de répondre à un «double objectif de fermeté en matière de sécurité et d’humanité dans la prise en charge des personnes». S’y côtoient l’approche « humaniste » de Cécile Duflot, ministre du Logement, et cette plus « ferme » de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur. On y trouve une «logique d’anticipation» destinée à guider la main des préfets dans leur travail : « Il vous incombe, en initiant le travail le plus en amont de la décision de justice qu’il est possible, de proposer des solutions d’accompagnement en mobilisant prioritairement les moyens de droit commun de chacun des partenaires. Cela suppose, dans une logique d’anticipation et d’individualisation, l’établissement, chaque fois que possible, d’un diagnostic et la recherche de solutions d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion des personnes (scolarisation, santé, emploi, logement/mise à l’abri…).»
Les préfets ont pour mission de rendre la communication possible avec les associations et les autorités locales. Après un été très chargé en expulsions, le gouvernement semble avoir entendu les doléances des associations reçues avants la concertation. «Dès que vous aurez connaissance de l’installation d’un campement, vous procèderez à une première évaluation de la situation au regard de la sécurité des personnes et mettre en place avec le concours des partenaires un suivi des personnes présentes sur le campement», précise la circulaire.
On lit aussi, plus loin, qu’il est nécessaire de s’assurer «de la continuité de l’accès aux droits des personnes» en matière de scolarisation, de santé, de logement.
Question économie et emploi, deux modifications interviennent sur les mesures restreignant l’accès au travail des Roms : la taxe à l’embauche d’un ressortissant roumain ou bulgare, et l’élargissement de la liste des métiers leur étant accessibles.
Une assertion qui en dit long conclut le texte, précisant que les préfets ont à leur charge une « action au profit de populations qui n’ont pas, naguère, bénéficié du respect républicain ». Le texte, qui marque une volonté de rupture avec le gouvernement précédent, a été signé par Manuel Valls (Intérieur), Vincent Peillon (Éducation nationale), Cécile Duflot (Logement), Marisol Touraine (Affaires sociales et santé), Michel Sapin (Travail, emploi), Georges-Paul Langevin (Réussite éducative), et Marie-Arlette Carlotti (Handicap et exclusion).
Île-de-France – STAINS (93)
Évacuation d’un immense bidonville
Leparisien.fr – 30/08
Dimanche 29 août au matin, les 500 habitants de deux terrains situés près du quartier du Clos-Saint-Lazare (Stains) ont été évacués puis vidés des baraquements construits, en application de deux mandats d’expulsion.
L’association Première Urgence déplore : « les évacuations posent un problème de suivi, en particulier des enfants, des femmes enceintes et des bébés. Il y avait deux nouveau-nés dans un camp ».
L’évacuation s’est faite sur la demande du maire (PC) de Stains, Michel Beaumale. Demande motivée, dit-il, par « des questions d’insalubrité, bien sûr, mais aussi parce qu’il y a d’importants travaux d’aménagement de voirie et de construction de logements, dans le cadre de la rénovation urbaine du Clos-Saint-Lazare ». Le maire est soutenu par le président de Plaine Commune, Patrick Braouezec.
« Nous savons pertinemment que les expulsions sans solution durable ne règlent pas les choses. Mais se contenter d’un statu quo qui entérinerait la gestion des bidonvilles par quelques villes de banlieue populaire n’est pas non plus envisageable. » Les deux hommes réclament une table ronde à l’échelle francilienne, et un rendez-vous avec le ministère de l’Intérieur.
Par ailleurs, un autre camp proche d’un établissement scolaire (Utrillo) devrait être démantelé dans les semaines à venir.