Journée internationale des Roms, ce 8 avril 2011 est le quarantième
anniversaire de la fondation de l’Union Romani Internationale à Londres en
1971. C’est à cette date que les Roms se dotèrent d’un hymne et d’un
drapeau, vert come la terre et la nature, bleu comme le ciel, avec au centre
une roue rouge, qui rappelle la route et l’Inde des origines. Les Roms n’ont
pas d’Etat, et n’en réclament pas. Ils sont présents dans la plupart des
pays d’Europe, et au-delà.
Cette journée est pour eux un moment important pour montrer leur volonté de
reconnaissance de leur culture et rappeler leur histoire, marquée par le
génocide nazi. Elle est aussi pour nous l’occasion de protester contre le
fait que dans toute l’Europe, de nombreux Roms sont encore aujourd’hui
discriminés. Ils ne peuvent malgré cela demander l’asile dans un pays de
l’Union européenne et le Kosovo, où leur sécurité n’est pas assurée, vient
d’être déclaré un « pays sûr ». Ceux de Roumanie et de Bulgarie, pays
membres de l’UE, pouvaient espérer dès 2007 la liberté de circulation et
d’installation qui aurait facilité pour eux l’accès aux droits fondamentaux
reconnus à tout être humain.
Mais en France, des mesures transitoires qui pourront rester en vigueur
jusqu’en 2013 leur interdisent l’accès au travail, sauf à remplir des
conditions très difficiles. 10 à 15 000 personnes sont maintenues de ce fait
dans une précarité dont on leur fait grief pour les expulser du territoire,
au motif d’une insuffisance de ressources, d’une charge trop lourde pour
l’Etat, alors qu’ils ne perçoivent aucune allocation. Comme la liberté
d’installation, la liberté de circulation est aussi une illusion : les
Roumains et les Bulgares représentent plus de la moitié des personnes
reconduites à la frontière. Les expulsions, collectives, dont la base
ethnique a été un temps explicitement formulée dans une circulaire du
Ministère de l’Intérieur, ont été dénoncées par la Commission européenne.
Les abris sont brutalement détruits au motif du manque d’hygiène et de
sécurité, alors que l’accès à l’eau, à l’électricité, à des bennes à ordures
et des toilettes, leur est le plus souvent refusé par les collectivités
locales. Les expulsions des lieux de vie, terrains et squatts, traumatisent
les enfants, accroissent la précarité, réduisent à néant les efforts des
familles concernées, des voisins solidaires, des associations et comités de
soutien en faveur de l’accès aux droits, notamment à la scolarité et aux
soins. Le collectif Romeurope estime qu’entre 5 et 7 000 enfants Roms vivant
aujourd’hui en France arriveront à l’âge de 16 ans sans avoir jamais ou
presque été à l’école. Les associations intervenant sur les terrains dans le
domaine de la santé constatent l’absence de suivi des grossesses, de
nombreux cas de tuberculose, de maladies et d’accidents liés à
l’environnement.
Le MRAP demande la fin des mesures transitoires qui empêchent Roumains et
Bulgares d’accéder à l’emploi comme tout citoyen européen, l’arrêt des
expulsions du territoire français, l’accès au droit commun pour ce qui
concerne la santé, la scolarité et l’habitat. Des solutions transitoires
doivent parfois être recherchées, en concertation avec les familles
concernées, pour qu’elles puissent vivre dans de bonnes conditions de
sécurité et d’hygiène, dans le respect de leurs droits et de leur liberté.
Le MRAP appelle les citoyens à la plus grande vigilance contre les propos
racistes dont font l’objet les Roms dans les espaces publics et dans les
media. Le maintien de ces citoyens européens dans des conditions de vie
indignes renforce le racisme et les préjugés nombreux dont ils sont
victimes. Leur stigmatisation comme délinquants, comme ce fut le cas l’été
dernier où le président de la République évoquait les « problèmes que posent
les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms », tend à
construire une catégorie ethnique dans une politique de division entre les
citoyens de France. Les Roms ont une culture, qui n’implique en aucun cas
qu’ils doivent vivre dans des bidonvilles. Pour la découvrir, loin des
préjugés et des clichés, le MRAP vous appelle à aller à leur rencontre dans
les manifestations festives qu’ils proposent à l’occasion du 8 avril.
Paris, le 8 avril 2011.
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