31e rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie
Le 18 juillet 2022, la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) présentait son 31e rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH, rappelle en préambule que “certains groupes restent toutefois particulièrement stigmatisés, notamment les populations #roms, numériquement si faibles, confrontées aux préjugés les plus tenaces et les plus assumés, et à des discriminations concrètes et des difficultés cumulées dans leur accès aux droits”
Premier constat formulé par la CNCDH : les Roms et les “Gens du voyage” continuent d’être perçus comme une communauté à part dans la société française. 66% des Français·es considèrent que les Gens du voyage forment un groupe à part dans la société, 60% en ce qui concerne les Roms.
Autre enseignement : 54% des Français·es estiment qu’on ne parle pas assez de l’extermination des Tsiganes et des Roms. Ce chiffre est quasi stable depuis 2017 et le discours de F. Hollande au camp de Montreuil-Bellay qui rendait hommage aux Tsiganes internés jusqu’en 1946. De nombreuses voix, en Europe et en France, demandent désormais la création d’une fondation pour la mémoire du génocide contre les Roms, jusqu’ici presque ignoré dans le discours public et les manuels scolaires d’histoire.
Un fait saillant de ce 31e baromètre CNCDH : l’augmentation significative du niveau de tolérance vis-à-vis des personnes Roms. Ainsi que la réduction de la diffusion de plusieurs préjugés antitsiganes. Ce qui n’a pas été vu depuis des années.
Concernant l’antitsiganisme, la CNCDH écrit « par rapport aux autres minorités, les préjugés, les stéréotypes, les connaissances erronées, les sentiments de peur et d’hostilité continuent de se mêler avec une force et une intensité particulière. Mais leur niveau de diffusion a beaucoup baissé ces trois dernières années ». “La mobilisation des associations pour la défense des droits des Roms et des Gens de voyage s’est renforcée, en réaction aux discriminations institutionnelles et sociétales dont ils sont victimes, à l’école comme dans l’accès au logement ».
Fin 2013, plus de 87% de la population considéraient les Roms comme un “groupe à part” dans la société. En 2022, ce chiffre s’élève à 60%. A noter, ces chiffres diminuent beaucoup plus pour les Roms que pour les “voyageurs”. En 10 ans, environ un quart de la population (-27 points de pourcentage) a abandonné les fantasmes d’un “communautarisme radical” des Roms. Aujourd’hui, ce soupçon reste malheureusement plus fort pour les « voyageurs ». Par ailleurs, on relève une baisse continue de l’adhésion à l’idée selon laquelle les Roms «ne voudraient pas s’intégrer » en France. Elle était en effet partagée par 77% de la population en 2014. En avril 2022, le pourcentage est descendu à 50%.
Dans le détail, c’est surtout parmi les artisans, les commerçants et les ouvriers que la diminution de l’hostilité aux Roms est plus importante. Le rapport établit un fort lien entre ethnocentrisme (tendance qui consiste à interpréter et juger la culture de l’autre en se basant sur ses propres modèles culturels) et le degré d’antitsiganisme des individus.
Ce nouveau rapport aborde aussi la question des expulsions : “En fragilisant l’insertion des habitants de ces espaces dans la société française, cette politique de l’expulsion contribue à renforcer les stigmates dont souffrent ces personnes en situation de vulnérabilité, en particulier l’idée reçue selon laquelle ils n’auraient pas leur place sur le territoire et ne pourraient s’intégrer”.
Pour finir, quelques recommandations formulées par la CNCDH :
- le déploiement de moyens humains et financiers consacrés à la lutte contre l’antitsiganisme
- un engagement du Gouvernement pour faire évoluer le regard, le discours et les pratiques vis-à-vis des personnes roms
- des mesures concrètes d’accès aux droits et une politique de lutte contre les préjugés
La CNCDH recommande que l’État renforce les possibilités d’action de la Dihal et ses moyens, en veillant par ailleurs à ce qu’elle soit systématiquement informée de toute opération d’évacuation suffisamment à l’avance.
La CNCDH recommande la mise en place d’un cadre réglementaire plus contraignant pour que soient appliquées les recommandations de la circulaire du 26 août 2012 et de l’instruction du 25 janvier 2018. Sur ce point, il est utile de (re)lire notre dernier rapport.