Le CNDH Romeurope a organisé, le 29 avril 2024, une journée d’étude sur les phénomènes d’emprise et de traite des êtres humains. L’objectif de cette journée était de permettre à notre réseau d’associations et de collectifs de mieux comprendre la question de l’emprise et la question de la traite des êtres humains.

La question de l’emprise a, depuis plusieurs années, pris une place prépondérante dans les débats qui entourent et façonnent les politiques publiques mise en œuvre face aux bidonvilles et ses habitants. Certaines expulsions de lieux bidonville ont même été justifié par le fait que les habitant∙es étaient sous emprise, ce qui empêcherait la mise en place de politique d’accompagnement et d’insertion de personnes en grande précarité, celles-ci étant dès le début voué à l’échec.

L’emprise peut ainsi, dans les discours politiques, dans les institutions de l’Etat, mais aussi parfois dans le milieu associatif, prendre une place trop importante, empêchant de réfléchir au-delà et condamnant à la non-action. Cette approche se caractérise aussi parfois par des biais culturalistes, affirmant que l’emprise serait inhérente aux populations « Roms », qu’elles s’identifient comme telles ou non.
Néanmoins, il ne faut pas nier la réalité de ce phénomène et les conséquences que l’emprise peut avoir sur la vie de personnes dans les bidonvilles et les squats. L’emprise entraîne des conséquences réelles sur les actions qui peuvent être mises en place pour accompagner les personnes vers le droit commun. C’est l’autre pendant de cette question, où ces phénomènes sont minimisés, voire parfois ignorés, car c’est, avouons-le-nous, plus simple de fermer les yeux.

L’objectif principal de cette journée était donc de placer l’emprise dans ce juste-milieu, entre « trop pris en compte » et « pas assez pris en compte », afin de faire avancer la réflexion collective de notre réseau sur ce sujet.

On le voit, les phénomènes d’emprises sont souvent mal compris. De quoi est-ce qu’on parle réellement quand on parle de phénomènes d’emprise ? C’est quoi un chef de platz ? Est-ce que la question ne concerne que les habitants des bidonvilles ? C’est quoi la différence avec les traites des êtres humains ? Voilà des questions auxquelles nous avons essayé de répondre lors de cette journée de formation.

Au-delà des questions de fond, l’intervention de diverses associations témoignant des manières dont elles pensent et prennent en compte ces questions dans leur action quotidienne, ont permis de montrer qu’il n’y a pas une seule et même manière de faire les choses.