Article paru sur le site du huffington post, ici, et transcrit ci-dessous.
Auteurs :
- Anne LebretonEn Marche avec Emmanuel Macron – Adjointe au Maire, Paris 4ème
- Alain RégnierAncien délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL)
En France, l’école ne doit plus être un rêve mais une réalité pour tous les enfants.
Dans notre pays, l’école est obligatoire entre 6 et 16 ans. C’est le meilleur moyen que la République a trouvé pour mettre en œuvre le droit à l’éducation pour tous les enfants, indépendamment de leur situation sociale, géographique ou familiale. De plus en plus l’idée s’impose qu’une scolarité précoce est un levier essentiel contre les inégalités scolaires. Ainsi la ministre de l’Éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, a fait connaître sa volonté de voir cette obligation étendue de 3 à 18 ans, ce qu’a repris Benoit Hamon dans son programme pour l’élection présidentielle. Ce dernier souhaite même, contre l’avis de nombreux spécialistes de la petite enfance, faire progresser le taux de scolarisation dès l’âge de 2 ans. François Fillon veut lui aussi abaisser l’âge de la scolarité obligatoire à 5 ans.
Cependant, dans notre pays, il y a encore des enfants qui ne sont pas scolarisés entre 6 et 16 ans. Pour beaucoup en effet, l’école est encore un rêve auquel ils n’accèderont peut-être jamais, ce qui est tout simplement inadmissible dans notre République et qui est pourtant la réalité pour beaucoup d’enfants sans-domicile et notamment de ceux qui grandissent dans les bidonvilles.
Installés dans la périphérie de nos métropoles, beaucoup à Paris et en Ile-de-France, ils regroupent aujourd’hui environ 20.000 personnes, souvent originaires d’Europe de l’Est et de culture Roms. Ces familles, qui doivent faire face à l’insalubrité de leurs habitats de fortune, à l’insécurité générée par une criminalité importante et à l’instabilité liée aux évacuations régulières, vivent dans des conditions très difficiles. Pour leurs enfants s’ajoute le plus souvent l’impossibilité d’aller à l’école, qui signifie pourtant l’espoir d’accéder à une vie meilleure et de rompre le cycle de la misère.
Certains maires continuent de refuser de domicilier les familles qui (sur)vivent dans des bidonvilles installés sur leur territoire, alors qu’elles-mêmes ne sont déjà pas toujours convaincues de la nécessité de l’école. Pourtant, les textes sont très clairs : l’école est OBLIGATOIRE pour tous les enfants – A la précarité et à la souffrance, s’ajoutent alors l’assignation à résidence et la misère : comme si les Roms étaient en dehors du droit commun.
Cette situation ne peut plus durer. Dans son programme, Emmanuel Macron a prévu d’ajouter la domiciliation des sans-abris aux missions de service public de la Poste, afin que chacun puisse disposer d’une adresse postale et ainsi faire valoir ses droits et notamment celui, fondamental, à l’éducation. Cette mesure permettra en effet à toute personne de se présenter au bureau de poste de la commune de son choix, qui sera tenu de lui fournir une adresse et d’assurer la gestion de son courrier.
Les maires qui continueraient alors de refuser aux familles l’inscription de leurs enfant sur la liste de ceux soumis à l’obligation scolaire se mettraient alors clairement hors-la-loi et devraient être réellement sanctionnés.
Les préfets, sont aujourd’hui seulement tenus par la circulaire du 29 aout 2012, de réaliser un diagnostic social avant de procéder à l’évacuation d’un bidonville. Ils devraient désormais recevoir pour consignes de toujours faire prévaloir l’intérêt de l’enfant et donc de sursoir à leur déclenchement tant qu’une solution de logement permettant d’éviter une rupture de scolarisation n’aura pas été trouvée pour les familles concernées.
La situation inverse est encore trop fréquente aujourd’hui et vient mettre à mal tous les efforts fournis par des familles pour en finir avec l’extrême pauvreté et donner une chance à leurs enfants et décourageant encore davantage celles qui sont le plus éloignées de l’idée de l’école.
Imaginez-vous, dans un bidonville l’hiver, sans eau et sans chauffage, en train d’essayer d’arriver à l’école à l’heure, propre et bien habillé, dans une école loin du bidonville, souvent dans une autre municipalité, en raison des évacuations et des difficultés de domiciliation. Ces situations sont inacceptables.
A l’inverse, alors que l’obligation scolaire doit être scrupuleusement respectée par les familles, les municipalités et les écoles, il ne doit pas non plus être toléré que des enfants soient parfois exploités pour la mendicité. Le message doit être clair à l’égard des familles – et il ne l’a pas toujours été – : il est absolument interdit aux enfants d’être en situation de mendicité sur la voie publique. Dans les communes où le problème est pris à bras le corps, où une coordination entre les mairies, l’état, les écoles, les services sociaux, le parquet et la police est mise en place. Ca marche.
Il doit en aller de même pour les mineurs isolés, qu’ils viennent de Calais ou arpentent les rues de la capitale, comme ces enfants marocains qui gravitent actuellement dans le quartier de la Goutte d’Or et sont déjà toxicomanes alors qu’ils n’ont qu’entre 9 et 14 ans. Leur place n’est pas dans la rue mais dans des structures d’accueil ou ils seront protégés et scolarisés.
Dans la République française, l’école et la sécurité qui sont à la fois une obligation, un devoir et un droit, ne doivent plus être un rêve mais devenir une réalité pour tous les enfants de France.