A Marseille les Roms doivent être reconnus comme des citoyens à part entière
L’expulsion à Marseille d’une centaine de Roms, dont une trentaine d’enfants, de la Porte d’Aix le jeudi 11 août, a suscité une forte mobilisation des médias, des associations qui soutiennent les Roms et de certains élus de gauche, révoltés par une telle situation .
Cette expulsion faisait suite à un arrêté municipal validé par le tribunal administratif, faisant état de « conditions d’indignité, d’une extrême précarité, d’insalubrité, sans eau ni sanitaires ». Ces familles étaient arrivées là le 12 juillet ne sachant plus où aller, la plupart des espaces possibles leur étant un à un interdits.
Depuis plusieurs mois, expulsion après expulsion, les conditions de survie de ces familles se sont dégradées. Comment peut-on infliger un tel traitement à des êtres humains et à leurs enfants sans qu’aucune solution alternative ne soit recherchée ?
A bout de forces, certaines familles ont accepté de se rendre à l’Unité d’hébergement d’urgence pour SDF de la Madrague Ville, même si ce lieu n’est pas adapté à leur situation. Elles ne pourront d’ailleurs y rester qu’une semaine.
Suite à une mobilisation importante, un dialogue s’est engagé avec les autorités municipales. Il est urgent qu’une table ronde puisse se tenir, réunissant l’ensemble des acteurs publics du territoire ainsi que les partenaires associatifs, pour rechercher une solution pérenne à la situation dramatique de ces familles.
Marseille, ‘ville métisse’, se doit de ne pas aggraver la précarité de citoyens européens empêchés, depuis l’adhésion à l’UE de leurs pays le 1er janvier 2007, d’accéder au travail par des « mesures transitoires » visant au sein de l’UE les seuls Roumains et Bulgares, discriminés par des restrictions à leur liberté de circulation, au point de représenter la moitié des expulsés du territoire français en 2010.
Le MRAP dénonce la politique anti-sociale, répressive, d’expulsion des Roms – mise en place en France par le président de la République et son ministre de l’intérieur – qui n’a eu pour résultat que de rejeter ces migrants « citoyens européens » dans une précarité encore plus grande.
Au delà, une chose est sûre: le « régime transitoire » auquel la France soumet ces populations se terminera fin 2013. Dès le 1er janvier 2014, ils devront être traités comme les autres européens: il n’est que temps de préparer l’avenir!
Le Conseil de l’Europe, quant à lui, s’en inquiète : la « Déclaration de Strasbourg sur les Roms », adoptée par la Réunion de haut niveau des Etats membres du Conseil de l’Europe le 20 octobre 2010, a insisté sur l’importance de l’action locale et régionale pour améliorer leur situation. Le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe organisera un Sommet des Maires le 22 septembre 2011 à Strasbourg (France) pour traiter de la situation des Roms et des Gens du voyage. Nous souhaitons que ce sommet apporte des réponses pour lutter contre la discrimination croissante à l’encontre des Roms en Europe et à leur marginalisation économique et sociale.
Le MRAP poursuivra ses mobilisations à travers la France pour obtenir que les Roms soient reconnus comme des citoyens à part entière.
Paris, 16 août 2011