Hiver 2018 à Nantes : combien de personnes encore à la rue ?
Communiqué de Médecins du Monde Nantes
Nantes, le 30 octobre 2018
A quelques jours du début de la trêve hivernale des expulsions locatives, Médecins du Monde Pays de la Loire alerte les pouvoirs publics sur la situation du mal logement et du sans-abrisme à Nantes et demande que la dignité et les droits des personnes en situation de précarité soient respectés.
Depuis plusieurs années, le mal-logement et le sans-abrisme persistent sans que des solutions suffisantes, adaptées et pérennes ne soient mises en place. Les institutions sont installées dans une logique de gestion de la pénurie de places d’hébergement qui ne permet pas de garantir l’accueil inconditionnel pour tou.te.s pourtant inscrit au Code de l’Action Sociale et des Familles (CASF).
Face à la défaillance des pouvoirs publics, les personnes sont contraintes de vivre à la rue ou dans des lieux de vie précaires préjudiciables à leur santé : environ 1 700 habitants en bidonvilles, 300 Mineurs Non Accompagnés sans solution d’hébergement et près de 5 000 personnes sollicitent un hébergement d’urgence. Combien resteront dehors cet hiver ?
Ces personnes s’installent dans des formes d’habitat précaire et vivent une urgence du quotidien pour répondre à leurs besoins fondamentaux (pas d’accès pérenne à l’eau et à l’hygiène, à l’électricité et aux sanitaires) et dans des conditions d’insalubrité inacceptables.
La multiplication des expulsions ne fait que rompre les parcours de soins, la scolarisation des enfants, une activité professionnelle, le réseau de soutien de proximité et l’ensemble des démarches entamées par les personnes. Nous condamnons les récentes expulsions des migrants intracommunautaires d’origine roumaine sur l’ile de Nantes et des exilés qui avaient trouvé refuge au square Vertais.
Médecins du Monde rappelle que depuis la loi égalité-citoyenneté du 27/01/2017, la trêve hivernale s’applique également à ces habitats précaires et garantit ainsi une relative stabilité pour les personnes. L’association veillera à ce que la trêve hivernale soit effective pour les bidonvilles, squats et campements présents sur l’agglomération nantaise.
Nos équipes seront vigilantes à ce que les habitant.e.s de ces lieux ne subissent plus des expulsions sans solution alternative, ni des intimidations policières qui les inciteraient à partir, sans respect des procédures juridiques et sans aucune offre de solution pérenne.
Médecins du Monde salue l’engagement de la métropole, de l’Etat et des mairies dans le cadre d’une MOUS (Maîtrise d’œuvre Urbaine et Sociale) qui amorce un travail concerté autour de la résorption des bidonvilles. L’association regrette qu’aucune concertation de la même nature ne soit organisée pour les squats et autres formes d’habitat précaire et ce, malgré les multiples demandes des associations et collectivités locales pour la tenue d’une table ronde sur l’hébergement.
Les mobilisations citoyennes ne peuvent pallier durablement à ces manquements et ne doivent pas subir une mise sous pression inappropriée du fait même de l’aide qu’ils apportent aux plus fragiles.
Médecins du Monde appelle les pouvoirs publics à prendre la juste mesure de la situation et à mobiliser l’ensemble des moyens nécessaires pour garantir la dignité et les droits des personnes.