« A bras ouverts », esprit fermé
Paris, le 5 avril 2017
Comme beaucoup de spectateurs, nous sommes atterrés par l’image des personnes dites Roms que renvoie le film A bras ouverts. Empilement de clichés racistes et de préjugés stigmatisants, ce film est un miroir du traitement particulier dont les Roms sont l’objet en France.
Certes le film se veut une comédie et une caricature, mais son auteur ainsi que son acteur principal auront beau se réfugier derrière leur ambition de moquer les « bobos de la gauche caviar », il n’en demeure pas moins qu’il entretient les pires stéréotypes qui alimentent très concrètement le traitement indigne dont sont victimes les personnes Roms.
Le 30 mars dernier, la Commission nationale Consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a publié un rapport annuel sur le racisme confirmant que les Roms restent en tête du box-office des personnes les plus rejetées en France. Concrètement, ce sont des refus aux guichets pour ouvrir des droits, des jets de cocktails molotov dans des bidonvilles de personnes identifiées comme Roms, des morts suite à des incendies de leur habitat précaire, des expulsions à répétition sans solution de relogement, des propos haineux envers les Roms…
Nous aimerions bien pouvoir rire, mais la situation ne s’y prête absolument pas. Les personnes Roms avec lesquelles les membres du CNDH Romeurope luttent au quotidien vivent en France dans une situation d’extrême précarité, en bidonville, en squats ou à la rue. La mise au ban de la société de ces migrants précaires d’Europe de l’Est est entretenue par des politiques publiques basées sur la destruction à haute fréquence des bidonvilles où ces personnes s’installent. Ces politiques contribuent à l’ancrage dans une misère de plus en plus profonde d’enfants, de femmes et d’hommes qui sont présents en France pour certains depuis de nombreuses années. Il est toutefois important de rappeler que nombre de Roms en France ne vivent ni dans la pauvreté, ni dans des bidonvilles. « Les Roms » sont pourtant systématiquement associés dans le débat public à un groupe homogène formé de personnes incapables de sortir de la précarité.
Le CNDH Romeurope considère qu’il est urgent de changer de regard, de réaffirmer l’égalité et la fraternité entre tous, ce que ce film ne permet pas.