Communiqué de presse du 22 février 2023
Stop aux expulsions à répétition en Essonne !
Plusieurs maires de l’Essonne ont visiblement décidé de prendre de court toute procédure et les expulsions de bidonvilles s’enchaînent ces dix derniers jours ; un acharnement, malheureusement pas nouveau dans ce département.
A Wissous la violence directe continue, des familles ont été chassées et leurs baraques cassées sous leurs yeux avec un tracteur et par des personnes non identifiées, sans doute pas de la police.
A Villebon-sur Yvette, le maire a procédé comme celui de Saclay, venant au procès au tribunal administratif et influençant le juge par des propos mensongers. Cette manière de faire semble fonctionner, puisque pour l’expulsion qui en résulte, la police intimide et casse, alors que des procédures judiciaires sont encore en cours, et sans respect des règles et des délais en vigueur.
À Villejust quelques jours plus tard, les habitants d’un bidonville ont été informés oralement, sans aucun document écrit se référant à une procédure en cours : une intimidation suivie d’une destruction sans préavis, selon les modalités utilisées aussi à Villebon en août dernier, mais ici en pleine trêve hivernale.
À Saulx-les-Chartreux, un avis municipal d’expulsion intervient dans la foulée avec 48h de préavis qui ne donne aucun délai pour une procédure en défense.
Bien sûr, à chaque fois ces expulsions se font sans diagnostic social préalable et sans propositions d’hébergements d’urgence pour les habitants, comme le prévoit pourtant l’instruction gouvernementale du 25 juillet 2018 sur la résorption des bidonvilles. Il est frappant de constater que les avis municipaux quand ils existent répètent mot pour mot les mêmes formules : ils demandent aux habitants de « quitter les lieux et rejoindre les hébergements d’urgence ouverts par l’État ».
Outre la difficulté qu’ils connaissent de trouver une place d’hébergement en plein hiver, et leurs responsabilités à cet égard, il y a semble-t-il concertation sur ces méthodes expéditives et non légales. Ainsi dans l’Essonne, les maires peuvent expulser sans préavis, sans suivre les lois, comme ils peuvent couper l’eau à des familles, et remettre des personnes (dont des bébés, des jeunes enfants, des femmes enceintes et des personnes avec des problèmes de santé) à la rue du jour au lendemain et en plein hiver, sans propositions d’hébergement. Ils peuvent interrompre la scolarité des enfants, la possibilité pour les familles de se stabiliser et empêcher les adultes de poursuivre des emplois, même précaires. Ils peuvent aussi mettre à l’unisson une attitude de non-réponse systématique aux associations qui les contactent dans le but d’accompagner au mieux, pour la durée du squat de terrain, ces populations fragiles et discriminées.
La Préfecture de l’Essonne est-elle au courant ? Si oui, pourquoi ne prévient-elle pas les habitants, les collectifs et les associations d’aide ? Si non, pourquoi ne réagit-elle pas contre ces pratiques illicites et non respectueuses des droits humains et des règles républicaines ? Pourquoi l’hébergement n’est-il effectif dans ce département que pour une seule famille parmi toutes celles que nous connaissons depuis l’expulsion de Saclay il y a un an – devant notre insistance et de façon toujours temporaire, alors que l’organisme d’État Coallia passe régulièrement sur certains sites qui totalisent des dizaines de familles ?
Ces manières de faire ne font qu’amplifier la précarité et la fragilité de ces familles, et mettent à mal tout accompagnement par des associations et des habitants des environs engagés.
Nous dénonçons ces pratiques auprès du CNDH Romeurope, de la Délégation interministérielle, du Défenseur des droits, et du Conseil d’Etat.
Collectif de solidarité avec des habitants de bidonvilles en Nord Essonne et Système B
Contact presse : collsolibidonvillesnessonne@gmail.com