AREA publie une étude sur l’entrée et le maintien dans le logement et l’hébergement des personnes vivant en squats et en bidonvilles à Montpellier
En avril 2024, l’Association Recherche Education Action (AREA) de Montpellier, membre de notre réseau, publiait une étude intitulée « Dynamique dans l’hébergement et le logement des personnes vivant en squats et bidonvilles. Entrée et maintien dans le logement et l’hébergement des personnes vivant en squats et bidonvilles accompagnées par AREA entre 2016 et 2023 ».
Pour réaliser cette étude, 68 ménages ont été suivis depuis 2016, des ménages « accompagnés par AREA qui ont accédé aux dispositifs AHI » (Accueil, Hébergement, Insertion), qui ont « tous été rencontrés sur des squats et des bidonvilles ». L’enjeu était de pouvoir analyser des parcours singuliers de personnes sortant de bidonvilles et de squats, afin de déconstruire les idées préconçues sur l’inadéquation de ces personnes avec les dispositifs d’hébergement d’insertion et de logement.
Les premiers résultats de cette étude sont visibles sur le graphique ci-contre, issu du document produit par AREA. Ainsi, alors qu’une minorité des ménages entrés dans un dispositif AHI entre 2016 et 2023 était retournée dans un bidonville en 2023 (16 % des ménages), une majorité s’était maintenue dans le dispositif ou avait accédé à un logement social (66 % des ménages). Ces données viennent clairement contrecarrer les discours sur l’incompatibilité des personnes vivant en bidonville avec les dispositifs de logement.
Le graphique suivant, plus complexe à lire, met justement en avant la complexité des parcours individuels des ménages, qui n’ont pas tous des trajectoires linéaires entre la sortie du bidonville et le logement. Il permet notamment de « considérer les retours sur les bidonvilles non comme des échecs mais comme des étapes participant d’un processus ». Ainsi « parmi les 24 ménages retournés sur un bidonville ou un squat à un moment de leur parcours, 46 % (11 ménages) ont par la suite à nouveau accédé à un hébergement ou un logement ».
Ces résultats mettent en lumière la nécessité de penser le parcours vers l’hébergement dans le temps long. Ces parcours considérés comme chaotiques devraient être perçus comme des parcours parsemés d’étapes avant le maintien dans l’hébergement. Ce constat peut alors être une base pour construire des projets impliquant des temporalités longues, quelles que soient leurs formes (intercalaire, espaces de transition…), afin de permettre aux familles qui en auraient le besoin de faire des allers-retours entre le bidonville et le logement.
Cette étude se conclut par des constats généraux menant à des recommandations. Parmi elles, la nécessité d’adapter les dispositifs de résorption à la temporalité des ménages, c’est-à-dire une temporalité de minimum 2 ans d’après la moyenne des ménages suivis par AREA, ou encore de mettre fin à certaines pratiques précarisant les personnes telles que les suspensions de droits décidées par la CAF, qui génèrent des dettes dans le logement et poussent les personnes à se réinstaller sur un bidonville.