Le collectif Le revers de la médaille publie un rapport sur « 1 an de nettoyage social avant les JOP 2024 » en Île-de-France
Le 3 juin 2024, le collectif Le Revers de la médaille, qui alerte depuis plusieurs mois sur les impacts sociaux négatifs de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, a publié un rapport intitulé « Circulez, y’a rien à voir ! 1 an de nettoyage social avant les JOP Paris 2024 ». En tant que membre actif de ce collectif, le CNDH Romeurope a contribué à la rédaction de ce rapport.
Ce sont principalement les données de l’Observatoire des expulsions de lieux de vie informels, coordonné par le CNDH Romeurope, qui ont été mobilisées afin de quantifier et analyser les expulsions de lieux de vie informels en Île-de-France qui ont eu lieu entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024 (pages 26 à 35 du rapport). Sur cette période, l’Observatoire a recensé 138 expulsions de lieux de vie informels dans la région francilienne, parmi lesquels 64 bidonvilles, 34 regroupements de tentes, 33 squats et 7 regroupements de caravanes. Ces expulsions ont concerné 12 545 personnes, dont 3 434 personnes mineures, une nette augmentation par rapport à la période allant du 1er mai 2021 au 30 avril 2022. Ainsi, le nombre de personnes expulsées a augmenté de 38,5 % entre ces deux périodes, tandis que le nombre de personnes mineures expulsées a presque triplé.
Au-delà de ces données brutes, une analyse de la mise en œuvre de ces expulsions a pu être faite grâce aux informations remontées par nos contributeurs et contributrices sur la réalisation (ou non) de diagnostics sociaux, les propositions (ou non) de solutions d’hébergement, ou encore les fondements légaux des expulsions. Cette analyse permet notamment de mettre en lumière une dégradation dans la mise en œuvre des expulsions, qui respecte de moins en moins les droits des personnes.
Ainsi, sur la période 2023-2024, seulement 27,5 % des expulsions étaient précédées d’un diagnostic social, contre 36,8 % l’année précédente et 65,3 % sur la période 2021-2022. Par ailleurs, des solutions d’hébergement étaient proposées aux personnes expulsées dans seulement 35,5 % des expulsions en 2023-2024, contre 64,3 % l’année précédente. Des données qui vont totalement à l’encontre de l’instruction du 25 janvier 2018 visant à donner une nouvelle impulsion à la résorption des campements illicites et des bidonvilles.
Au-delà de cet échantillon de données émanant de l’Observatoire, l’intégralité du rapport est intéressante pour comprendre les effets concrets, réels ou supposés, des Jeux Olympiques et Paralympiques sur les personnes précarisées en Île-de-France. Dispositifs « SAS » éloignant les personnes exilées, harcèlement des travailleurs et travailleuses du sexe, disparition des squats, répression des usagers et usagères de drogues… sont autant de mesures qui s’intensifient à l’approche des JOP 2024, dans le but d’invisibiliser les indésirables pour donner une certaine image de la région. Le collectif appelle notamment à un sursaut de la part des pouvoirs publics, « en particulier pour la prise en charge des personnes sans-abri dans les dispositifs d’hébergement d’urgence ».
Lire le rapport du Revers de la médaille – 1 an de nettoyage social avant les JOP 2024
Lire le communiqué de presse du Revers de la médaille